Design et sciences


Dans sa première époque, jusqu’au milieu du XXe siècle, la révolution industrielle porte en elle la promesse d’un nouvel ordre symbolique fondé sur l’émancipation de l’homme moderne qui se déploie par les arts, les sciences et le design. Prévalent alors la croyance dans le progrès, la consécration du concept de « nouveau ».

Le design nait dans le sillage de cette révolution à un moment où des architectes, des artistes des arts appliqués ou des beaux-arts, des créateurs se demandent comment intégrer les matériaux nouveaux, les nouvelles techniques de fabrication, la production avec les machines. Comment travailler avec les acteurs de cette révolution industrielle, notamment les ingénieurs ? Et au-delà, en amont, comment se saisir des savoirs révolutionnaires issus des sciences ? Portés par des physiciens, biologistes, chimistes, mathématiciens, logiciens,…

Le design a pour projet de penser et inventer les formes des objets de l’art et du monde industriel naissant, de faire projet avec les nouveaux matériaux, les nouvelles techniques de fabrication, la production avec les machines.

Le design apparait alors comme porteur d’une dimension de création, de conception, de pratique, d’une tradition de l’invention venue du champ artistique. Porteur aussi d’un questionnement : Que veut dire se relier au mode d’invention et de production venue de l’industrie ? Que veut dire collaborer avec des femmes et des hommes de sciences porteurs de nouveaux savoirs issus des mathématiques, de la physique, de la biologie, de la chimie,…

La période actuelle peut se penser de la même façon, au sens où nous sommes confrontés à l’émergence de savoirs scientifiques insolites qui bouleversent notre rapport au réel et interrogent les fondements mêmes de nos sociétés modernes.  L’appropriation toujours plus rapide par les disciplines de la conception, design et ingénierie, des découvertes et leur impact sur notre vie quotidienne rend urgent la redéfinition du pacte entre le politique et les sciences, la ville et ses citoyens.

La création de l’ENSCI-Les Ateliers s’inscrit dans les pas d’une longue tradition de la création industrielle qui remonte au Bauhaus.

Le dialogue entre le design et la science à l’ENSCI s’encre dans une réalité industrielle et se demande comment intégrer cette pratique émergente dans des contraintes de production et d’usage ? Faire dialoguer design et sciences c’est aussi portée haut dans le débat actuel des questions éthiques.

Le programme Design et sciences souhaite prolonger cette histoire et ambitionne de créer un espace recherche afin d’explorer les questions posées par se rapprochement : Que veut dire travailler en design ces matériaux ? Avec quels outils travaille-t-on dans ces champ là ?  Quelles sont les formes de la démarche de design ? Comment la culture du projet propre au design, dans sa dimension notamment expérimentale, croise celle des sciences ? Quelles nouvelles pratiques de recherche peut-il naitre de ce dialogue ?

Ce dialogue trouve son origine dans le développement de projets d’enseignements à travers des programmes développés dans ateliers de projets avec notamment ces dernières années (Atelier de recherche du designer François Azambourg en collaboration avec Roberto Cassati, directeur d’étude - EHESS, Julien Bobroff, enseignant-chercheur à l’Université Paris Sud - Orsay), des studio expérimentaux (Biomimétisme et Cellulose bactérienne avec Noémie Lesartre, ingénieur et responsable studio matériaux - ENSCI et Guillian Graves, designer) ou des projets de diplômes d’élèves (Versus de Guililan Graves ou Papier Machine de Raphaël Pluvinage).

Mais aussi avec la création en 2009 d’une résidence pour les élèves de l’ENSCI au campus Minatec de Grenoble. Les élèves-designers y conduisent leur projet en étroite collaboration avec des chercheurs et développeurs dans les domaines de la santé, de l’énergie ou des transports. Et en 2010 d’un double cursus Science et design avec l’Université Pierre et Marie Curie - Paris 6 et avec l’Université Joseph Fourier à Grenoble.

Cette thématique de recherche s’est aussi nourrie au fil des ans de l’accueil de doctorants qui en interaction avec l’école ont développés des conférences, séminaires de recherche, des enseignements comme : Anne-Lyse Renan « Design et esthétique dans les pratiques de la science » sous la direction de de Victor Rosenthal et Elena Tosi-Brandi  « Recherche autour d’une nouveau code la création pour un langage multisensoriel » sous la direction de Roberto Casati en co-encadrement avec François Azambourg.

Par ailleurs l’ENSCI-Les Ateliers  dans le cadre de ses carnets de recherche a consacré un numéro spécial à ce dialogue : « Sciences de la cognition sous la direction » d’Alain Berthoz.


DeSciTech

DeSciTech, projet remporté en juillet 2014 et financé par l'ANR d'une durée de 4 ans. La thématique, pluridisciplinaire, fait dialoguer physique, design et sciences de l'information et de la communication autour de la question de la médiation de la science vers la société. L'Université Joseph Fourier de Grenoble, Telecom ParisTech et l'ENSCI-Les Ateliers y sont engagés.


Design et Biologie

En positionnant l’ENSCI-Les Ateliers face aux prémices d’une nouvelle révolution industrielle, l’objectif du programme de recherche « Design & Biologie », dirigé et animé par le designer Guillian Graves, consiste à initier des actions nouvelles à la frontière entre le design, les sciences naturelles et l’ingénierie du vivant afin d’anticiper et d’analyser les possibles mutations des pratiques du design et de son enseignement.